Note d’exposés donnés dans le cadre d’un groupe de lecture de doctorant.e.s autour de la thèse de Deligne.

Esposé de Rufus Lawrence

Suites spectrales et lemme des deux filtrations, partie 1

Crash course, suites spectrales pour les nuls

Suite spectrale chohomologique

Soit A une catégorie abélienne.

Une suite spectrale cohomologique est la donnée {Er,dr:ErEr}r0 d’une collection d’objets de A telle que

  1. drdr=0

  2. Er+1=H(Er,dr)

On dit que Er est la r-ième page de la suite spectrale.

Alors voilà pour une définition générale. Mais si vous vous promenez dans la nature et croisez une suite spectrale, vous allez plutôt croiser une suite spectrale bigraduée.

Suite spectrale bigraduée

Dans ce cas, on a une décomposition

Er=p,qZErp,q

avec

dr=(drp,q:Erp,qErp+r,qr+1).

Dans cette situation,

  • drp+q,qr+1drp,q=0

  • Er+1H(Er,dr)

Un premier exemple bête de dégénérescence

Soit A une catégorie abélienne et C un complexe. On pose E0=C, d0=d, dès lors H(C)=E1, et en posant d1=0 on a dégénérescence E2=E3=En dès que n2.

Dégénérescence des suites spectrales

On dit que {Er,dr} dégénère à r0 si

rr0dr=0

ce qui implique Er=Er0 dès que r=r0. On le note

Erp,qEr0p,q.

On dit de plus qu’elle s’effondre si elle est concentré dans une ligne ou une colonne.

On peut penser chaque page de la suite spectrale comme une approximation de la cohomologie d’un certain complexe (cf plus loin dans le cas d’une filtration).

Termes limites

Soit Er une suite spectrale. Il existe une double-suite de sous-objets (Br)r0 et (Zr)r0

0=B0B1...Br...Zr...Z1Z0=E1

tels que

ErZr1/Br1.

Pourquoi? On pose naturellement

Z0=E1 et B0=0

puis Zr et Br tels que

Zr/Br1=ker(ErEr)

et

Br/Br1=Im(ErEr).

On pose alors (quand ça existe, ce qui sera toujours le cas pour nous)

Z=rZr et B=rBr

ainsi que

E=Z/B.

Notation 11. En cas de dégénérescence à la page r0, on note Er0=E.

Lemme des deux filtrations

On revient au paragraphe 1.3.1 de (Deligne 1971). On travaille toujours dans une catégorie abélienne A et on se donne un complexe différentiel K d’objets de A, muni d’une filtration F.

Définition 12. La filtration F est dite birégulière si F induit une filtration finie sur chaque composante de K.

Example 13.

0ZZ2...Zd...

où toutes les flèches sont nulles. (Revient à une filtrations par symboles.)

Non-exemple. Filtration sur A, infinie.

0AidA0

La filtration F induit une suite spectrale Erp,q(K,F) (a priori pas besoin qu’elle soit birrégulière).

Définition 14. On pose

Zrp,q=ker(d:Fp(Kp+q)Kp+q+1/Fp+r(Kp+q+1))

et Brp,q tel que

Kp+q/Brp,qcoker(d:Fpq+1(Kp+q1)Kp+q/Fp+1(Kp+q))

de sorte que

Erp,q=Im(Zrp,qKp+q/Brp,q)=Zrp,q/(Brp,qZrp,q)=ker(Kp+q/Brp,qKp+q/(Zrp,q+Brp,q)).

Pour r<, les Er forment un complexe par le degré pr(p+q) et Er+1 s’exprime comme

H(Erpr,q+r1Erp,qErp+r,qr+1).

Pour r=0 on a $E_0^{,} = \mathop{\mathrm{\mathrm{Gr}}}_F^* ( K^* )$.

Proposition 15. Soient K et F comme ci-avant. Les deux conditions suivantes sont équivalentes.

  1. La suite spectrale définie par F dégénère [E1=E].

  2. Les différentielles d:KiKi+1 sont strictement compatibles avec F.

On conclut cet exposé en esquissant les idées de la suite. Etant données W et F deux filtrations avec F birrégulière, l’idée sera de voir les conditions pour lesquelles trois filtrations Fd, Fd et F coincident sur Erp,q(K,W).

On parlera aussi de

Hq(X,Ωp)Hp+q(X,C).

Références

Deligne, Pierre. 1971. “Théorie de Hodge: II.” Publications Mathématiques de l’IHÉS 40: 5–57.